Les Missions Quotidiennes - 2ème partie

 Chaque jour, à tour de rôle, des gendarmes du PGHM de l’Ariège sont désignés au service pour être les « Premiers à Marcher », plus communément appelés les « PAM ». Cette permanence est prise pour 24 heures, de 8 heures à 8 heures le lendemain, où ils auront à accomplir d’autres missions (relations publiques, entraînement, exercice, chargé d’accueil…).


 Sous l’autorité du commandant de PGHM, ils sont les premiers intervenants sur une opération de secours. En étroite relation avec le chargé d’accueil (cf. mission quotidienne 1ère partie), ils se doivent d’être prêts, tant sur le plan physique et technique que sur le plan moral. En effet, sollicités pour une intervention, ils devront mettre en oeuvre toute leur expertise dans les domaines de la montagne, du secourisme, mais aussi de l’enquête. Voici leur journée :

 08h00 : Prise de la permanence. Après avoir salué leurs camarades, les secouristes préparent leur sac de secours au vestiaire. Chacun vérifie son matériel et le dispose à sa façon dans un grand sac de montagne. Il s’agit de prendre le matériel nécessaire pour assurer sa sécurité et celle des victimes, et de pouvoir se déplacer en toute situation (paroi rocheuse ou de glace, pente herbeuse, canyon…). Corde, sangles, mousquetons, matériel d’autosauvetage, lampe et stylo viennent se mêler au « fond de sac », pour constituer environ quinze kilos de matériel individuel.


 08h15 : Les « PAM » se rendent ensuite au garage et vérifient le matériel de secourisme et d’évacuation. On y trouve une perche de transport Franco Garda hélitreuillable, une attelle cervico-thoracique (KED), des colliers cervicaux, des attelles de bras et de jambe, un sac de réanimation cardio-pulmonaire, un matelas d’immobilisation à dépression, les cartes IGN du massif, une trousse à pharmacie et deux interfaces d’hélitreuillage.


 08h30 : Les Premiers à Marcher s’installent dans la salle de repos du PGHM. C’est un moment de détente et d’échange avec ceux qui sont présents. On y parle de montagne bien entendu, mais aussi des secours passés, d’évènements particuliers, de protocoles nouveaux, de procédures administratives, d’anecdotes personnelles… C’est un instant de partage entre les anciens et les nouveaux, on y apprend à se connaître, on confronte ses avis, on prend et on donne des informations sur les secours.


 09h00 : « Pages d’écritures », comme disent certains. En attendant les interventions, le gendarme premier à marcher utilise son temps pour rédiger les procédures judiciaires relatives aux secours effectués. Il s’agit d’enquêtes qui déterminent s’il y a eu une faute ou pas, et si, le cas échéant, une personne en est la cause. L’expérience du montagnard se met au service de l’enquêteur pour rédiger et transmettre un procès verbal complet au procureur de la République à Foix.


 Les tâches administratives font aussi partie du travail du gendarme, cela peut concerner la gestion des gendarmes adjoints, les véhicules ou encore le matériel.


 12h00 : La matinée s’est passée dans le calme. Les secouristes remontent dans leur logement concédé par nécessité absolue de service afin de se restaurer en famille.


 13h08 : Le chargé d’accueil appelle les PAM. Une alerte vient de tomber via le centre d’appel d’urgence (112). Une randonneuse a fait une chute sur le sentier GR 10, non loin de la cascade du Fouillet, dans le couserans. On suspecte une fracture du fémur. L’opération sera médicalisée par un médecin montagne du SMUR ariégeois.


 Sans perdre de temps, les secouristes prennent leur sac, radios et téléphones et partent en voiture direction la DZ du CHVA à Saint Jean de Verges. Le planton, quant à lui, donne le rendez-vous et les premiers éléments à l’hélicoptère qui décolle de Toulouse.


13h52 : A bord de l’hélicoptère, les secouristes survolent la victime. Ce premier passage permet d’analyser la situation, d’évaluer les risques, et d’anticiper sur la méthode d’évacuation. Au sol la forêt est dense, il va falloir treuiller.


 Un secouriste est descendu au treuil avec son sac secours. Déposé à quelques mètres de la victime, il effectue un premier bilan, et prépare l’accueil du médecin et du deuxième secouriste.


 Après une rapide communication, il est décidé qu’un délai de quinze minutes sera nécessaire pour préparer la victime à l’évacuation. L’hélicoptère reste en vol et s’écarte pour laisser les secouristes tranvailler dans le calme.

 

 En bas, ça s’agite pourtant. Tandis que l’un prépare perche et attelle, le médecin établit un premier diagnostic et l’autre procède aux constatations. Rien n’est précipité mais tout va très vite. Treize minutes plus tard, la victime est soulagée et prête à être hélitreuillée.  L’hélicoptère se présente et extrait tout le monde, direction l’hôpital.


 14h12 : L’hélicoptère se pose au CHVA. Grâce aux radios, le PGHM est informé du déroulement de l’opération. La victime est prise en charge par le service des urgences. Après quelques merci et au revoir, chacun rejoint son point de départ.


 15h08 : Les PAM arrivent au PGHM. Le matériel utilisé est nettoyé et désinfecté. Tout est de nouveau rangé, prêt à repartir. De retour dans la salle de repos, autour d’un bon café et quelques viennoiseries, les deux secouristes discutent avec le planton de l’opération. Une sorte de débriefing informel qui permet à chacun d’être au courant et de confronter des méthodes de travail.


 15h10 : La discussion tourne court. Le téléphone sonne, le planton met le haut parleur. Le centre d’appel d’urgence (112) nous met en conférence avec un randonneur en mauvaise posture. En fait ils sont trois, égarés dans la descente d’un sommet, prisonniers de barres rocheuses, ne pouvant ni descendre ni monter. Ils sont indemnes mais ne veulent plus bouger au risque de chuter. En plus les nuages jouent à les envahir par moment, les plongeant dans une atmosphère fraîche et humide.


 Cette fois, le médecin n’est pas nécessaire. Rendez-vous est pris avec l’hélicoptère sur le stade à Tarascon.


 15h45 : Après quelques détours à travers les nuages, nous repérons les randonneurs. Il va falloir faire vite, les nuages se font de plus en plus nombreux. Les deux secouristes se font treuiller un par un, sur une vire, à quelques mètres des malheureux. La complémentarité entre le pilote, le mécanicien treuilliste et le secouriste prend ici tout son sens.


 Le treuillage se doit d’être assez long pour ne pas déséquilibrer les randonneurs, mais aussi précis pour amener le gendarme à l’endroit choisi. Le moment de décrochage, le stationnaire, la communication par radio, tout doit être minutieux, d’autant plus qu’il n’y a pas de relais équipé dans ces barres rocheuses et que le premier fait souvent du solo.


 Une fois la zone et les personnes sécurisées, l’hélicoptère joue à cache cache avec les nuages pour récupérer tout le monde. Il ne fallait pas attendre trop longtemps, mais finalement les randonneurs retrouvent le plancher des vaches, indemnes, proches de leur automobile. Tout s’est bien passé.

 

 16h42 : De retour au PG, les PAM remettent le matériel en ordre, et saisissent avec le planton les différentes bases de données statistiques, judiciaires et administratives.


 18h00 : Les PAM quittent les bureaux et rejoignent leur logement. Pour ceux qui ne connaissent pas les locaux du PGHM, les logements sont connexes avec les bureaux.


 21h32 : Le téléphone de service de l’appartement sonne. C’est le chargé d’accueil. Il faut descendre au bureau, on est sans nouvelle d’un randonneur parti seul faire le montcalm. D’après son épouse, il connaît le chemin pour le faire régulièrement et a l’habitude de partir tôt et de rentre tôt. Rapidement, à notre demande, une patrouille de la brigade de Tarascon vérifie que son véhicule est effectivement au parking, point de départ de la randonnée.


 21h50 : La patrouille confirme que le véhicule de M. X est là. Les PAM partent du PGHM, à la recherche de M.X. .


 22h48 : Les PAM sont au parking. Le véhicule est toujours là. Ils commencent à marcher sur le chemin, lorsqu’ils rencontrent M. X., indemne. Ce dernier explique qu’il a été pris dans le brouillard en début d’après midi, et qu’il a perdu le chemin. Connaissant le secteur, il a attendu puis a réussi à se retrouver. Heureusement qu’il avait une lampe.


 Les PAMS regagnent leur domicile. Aujourd’hui il n’a pas été utile de mettre à contribution l’équipe de soutien, un binôme a suffi.


Benoît CHABERT et Olivier GIL.

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